mardi 31 janvier 2012

Première page de l'histoire. L'encre coule déjà.


Je souris malgré moi, rien qu'en t'imaginant.
Un regard, un demi-sourire. Et nous partons, prenant la route qui mène a nos rêves adolescents.
Romançant toujours chaque page de nos histoires. La peur de l'ennui, l'envie d'aller trop loin.
De se sentir en vie.





Teint de porcelaine, la jeune Alix deviendra grande ce soir. Les préparatifs prennent du temps. La bouche bien rouge, les yeux trop noirs, une petite robe en soie, son chapeau à broderie, et le manteau sur les épaules, elle s'enfuit déjà. Elle se presse, comme si elle était attendue. Pourtant il est encore tôt. Elle ne connait personne encore, mais cela ne va pas tarder. Sa tenue, construite avec gout, se remarque immédiatement. Elle commande un verre, et compte les sourires qu'on lui adresse.


Elle lève son verre, "à nos amours, à nos succès, à notre belle époque", un verre levé à Elsa de la part d'Alix, elle sourit. On vient la saluer, elle entame la discussion. Commence a parler de tout de rien, il semble fasciné, elle s'ennuie. La discussion continue trop longtemps. Elle s'excuse d'une simple inclinaison de tête, change de place pour s'installer dans un fauteuil en cuir, un nouveau verre à la main, moins à son gout, mais on ne refuse pas un présent.


Un américain intrigué, s'approche et lui parle. Il ne comprend pas bien cette fille qui lui fait face, l'interroge sur sa tenue. Ces hommes stupides, dénués de goût, d’intérêts. Il est tout ce qu'elle déteste. Elle réponds avec charme, il la regarde l'air ébahi, sans doute n'a t'il pas compris la signification de sa réponse. Mais ça n'a déjà plus d'importance, elle est ailleurs, hors de portée.


Nouvelle tête. Enfin, dans un premier temps, ce sont ses chaussures qu'elle remarque. C'est souvent ainsi avec elle, on capture son intérêt par un détail. Ici, il s'agissait de chaussures en cuir noires, pointues, portées avec désinvolture. Un peu de boue sur le dessus, les chaussures d'un homme élégant, mais pas coquet. Elle lève progressivement les yeux, un jean légèrement slim, d'un beau bleu foncé. Elle approuve. Une veste, en cuir peut être, ouverte sur une chemise claire. Il la regarde, elle détourne les yeux. Il l’intéresse, elle ne veux donc rien précipiter, rien faciliter. Elle attend plusieurs minutes, portant son attention sur lui trop souvent. Mais prétextant être fascinée par son voisin. Il se rapproche. Elle se tourne enfin vers lui. Un sourire, puis elle baisse très furtivement le regard vers ses propres pieds, et enfin revient à son visage. Les présentations sont réalisées. Il est intéressant. Elle ne sait pas toujours quoi dire. Il y a des blancs. Elle les couvrent de sourires. Un autre homme cherche à s'interposer. Il y parvient pendant quelques temps, mais la discussion est entrecoupée, par des regards, des rires complices entre les deux soupirants.


Le temps passe trop vite, elle s'amuse enfin, mais doit se résoudre à partir. Elle remet son manteau, il propose de la raccompagner. Elle en est ravie. Il fait bien sombre dans les rues faiblement éclairées de la ville galloise. Le sol glacé glisse, il lui propose l'appui de son bras. Elle s'en saisit. Le trajet passe rapidement, ponctué de fou rires, de regards qui en disent longs. Les voila devant sa porte. Moment de gène, dissipé par une phrase, un regard amusé ... Un au-revoir en bonne et due forme. Il la serre dans ses bras. Elle se faufile dans son appartement, rapidement, sans un regard, alors qu'il reprend la route. Le chaud l'englobe, c'est plaisant, mais elle avait, pour un instant, oublié le froid.


Ce soir la, elle a rencontré un irlandais fort charmant. Il lui fait légèrement penser à Jim Morrison, mais ça c'est une autre histoire. Une histoire sans passé, sans avenir. Une histoire qui commence à peine, mais qui l'amuse déjà.